Mythologie magazine, n°34, avril-mai-juin 2019, 148 pages, 21 x 27,5 cm. 148 p., 12,90€.

Nous avons reçu le dernier numéro de la revue trimestrielle Mythologie(s) magazine. Le dossier principal est consacré à Léonard de Vinci (pp. 32-113).

Quelques articles ont particulièrement retenu notre attention.

 Deux articles traitent du cybermythe de Slenderman.

La journaliste Marine Didier ("Slender Man : croque-mitaine 2.0", p. 125-127) présente une chronologie de l'invention à la médiatisation de ce personnage d'horreur contemporain. La figure du Slenderman (trad.: homme svelte) a été créée à l'occasion d'un concours Photoshop lancé par le site Internet Somethingawful et se serait popularisée au-dehors du site comme mème puis comme une nouvelle légende urbaine.

Dans un second article, Marine Didier ("Une légende urbaine du web devenu une créature mythique", p.128-129) interview la sociologue Sylvère Deguercy qui a travaillé sur ce cybermythe et sur sa diffusion (restreinte) au-dehors de la sphère d'Internet. Deux jeunes filles auraient avoué un crime sous l'influence du dit Slenderman… Après le clown maléfique de "Ça" de Stefen King, le Slenderman de Somehtingawful va-t-il également échapper à son auteur ? Cette création contemporaine interroge notre relation à l'imaginaire, son autonomisation et son développement. La question serait alors le potentiel de vie du Slender Man en dehors d'Internet ?

Le médiéviste Aimeri Vacher  ("La Tarasque, fléau de Provence", p. 132-135) présente une historiographie du célèbre monstre de Tarascon, la Tarasque. Elle doit son invention historique à l'hagiographe Jacques de Voragine, auteur de La Légende dorée (1261-1266), qui l'introduit dans la Vie de saint Marthe de Béthanie. Son folklore rituel, sous la forme de dragon processionnaire exhibé lors des fêtes folkloriques de la ville, existe au-dehors de Tarascon dans plusieurs cités ibériques. On ne peut que regretter la brièveté de l'étude de cette figure monstrueuse qui traverse le temps et l'espace.

La journaliste Camille Baurin au travers de deux articles ("Sculpture et superhéros : donner corps aux justiciers", p. 138-140) et ("Le superhéros à l'épreuve du réel", p. 141-143) réfléchit sur la mise en forme des premiers supers héros des comics book américain (Captain America, Super Man…) peu avant le début de la Seconde Guerre mondiale. Elle insiste beaucoup sur les similitudes de la création du Golem imaginé dans le ghetto de Prague au XVIIe siècle. En ce sens, les franchises cinématographiques contemporaines lui donnent raison, les figures imaginaires échappent largement à leur créateur et à leur contexte de création. Ils sont devenus des héros citoyens qui à défaut de changer le monde ils deviennent le miroir de nos refoulements.

On regrettera l'absence de bibliographie liée aux articles permettant d'approfondir la recherche des sujets traités.

 J. Hascoët

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