BLUB ! BLUB ! QUAND MEME...
L’annulation de la visite originellement prévue en septembre a suscité tant de regrets qu’une date de substitution a été fixée !!!
(La présentation de l’exposition a été faite dans nos bulletins de juin et de septembre).
Elle se fera donc le samedi 21 octobreprochain, à 14H30et sera suivie vers 16H30 par notre Assemblée Générale statutaire (voir ci-dessous).
Derrière les onomatopées du titre se cache une initiative très originale, mettant en valeur cette autre archéologie - menée avec autant d'attention et de rigueur que l'archéologie "ter-restre"- qui est l'archéologie subaquatique, pratiquée en lacs, mers et rivières.
Le site archéologique belge bien connu de la Grotte de Han (en effet, il s'agit de bien plus qu'une attraction touristique), est mis en vedette : parce qu'il reste unique à l'échelle euro-péenne, et parce qu'il a été, et est encore, un véritable laboratoire des techniques et méthodes de la fouille sub-aquatique.
Votre Président retrouvera avec émotion les objets dragués dans l'Escaut à la fin du dix-neuvième et jusqu'au milieu du vingtième, entrés dans les collections Edouard Bernays et Georges Hasse, puis dans le domaine public. Ils ont été, il y a quelques années déjà, les sujets de ses premières publications dans le domaine de l'archéologie "nationale".
Musée du Malgré-Tout, 28 rue de la Gare, 5670 Treignes
E. Warmenbol
ASSEMBLEE GENERALE STATUTaire
Divers contretemps malencontreux et indépendants de notre volonté ont retardé cette année la tenue de l’Assemblée Générale. Elle se tiendra finalement le 21 octobre prochain, en clôture de la visite malgré tout programmée à Treignes. programmée ainsi que détaillé ci-dessus. L’ordre du jour comporte le rapport d’activité, le rapport financiers, leur acceptation et la décharge des administrateurs, le renouvel-lement partiel du comité directeur, le programme d’activités pour l’exercice à venir.
La présente vaut convocation pour tous les membres effectifs de la société.
cours de celtologie a l’institut des hautes etudes de belgique
Le cours de celtologie de l’Institut des Hautes Etudes de Belgique reprendra cette année le mercredi 4 octobre, de 16H30 à 18H30.
Assuré par notre président Eugène Warmenbol, il développera le thème abordé par ailleurs par les exposition de Treignes et de Libramont : Les Celtes et l’eau, du profane au sacré.
L’accès à ce cours est entièrement libre et gratuit. Il se donnera tous les mercredis selon le même horaire, de 16H30 à 18H30, dans l’auditoire Jean-Baugniet, au rez-de-chaussée de l’Institut de Sociologie de l’Université Libre de Bruxelles (44 avenue Jeanne ).
le calvaire et les inscriptions de maissin[1]
A une vingtaine de kilomètres au nord de Bouillon et de Neufchâteau, au confluent de la haute Lesse et de l’Our, se rencontre l’un des plus charmants villages du Luxembourg belge : Maissin (Bourguignon 1961). L’un des plus paisibles aussi, adonné presque exclusivement à l’agriculture et à l’exploitation forestière depuis l’époque gallo-romaine jus-qu’à nos jours.(Hannecart 1980-1981). Ce site si plaisant, si bucolique n’en a pas moins été, les 22 et 23 août 1914, le théâtre de l’une des plus sanglantes batailles des premiers mois de la Grande Guerre. ces deux jours, plusieurs régiments du onzième corps française se sont heurtés à la vingt-cinquième division du corps d’armée hessois et à la onzième division de réserve rhénane. Les Français, venant de Paliseul, firent des prodiges, au point que les Allemands abandonnèrent leurs position pendant la nuit du 22 ((Schmitz – Neulandt 1924). Mais le prix payé avait été lourd : plus de quatre mille Bretons finistériens du dix-neuvième régiment d’infanterie étaient tombés, dont mille reposent encore dans un cimetière installé sur la côte du Spihou. Les habitants de Maissin durent eux aussi oayer l’affront subi par les troupes allemandes : au retour de celles-là après la retraite française, soixante-quatorze maisons sur cent vingt furent incendiées et et au moins huit villageois froidement assassinés (de Seyn 1950:753). Les survivants ont gardé le souvenir de ces tristes journées et ont veillé, sans rancune, sur les croix des malheureux - belges, français et allemands - broyés avec eux dans ces premiers tourbillons de la grande folie.
Les soldats rescapés n’oublièrent pas non plus. Depuis la fin de la tourmente, avec les familles de leurs camarades disparus, ils se sont fait un devoir de revenir régulièrement honorer leurs frères d’armes tombés à Maissin. Dans la douleur et la ferveur de leur souvenir, une idée vint à Pierre Masssé, secrétaire général de l’Amicale des anciens du 19eRI : ériger au Spihou un calvaire breton tiré du Finistère dont provenaient leurs camarades. Conseil fut demandé à la Société Archéologique du Finistère qui, en sa séance du 26 février 1931, agréa la proposition : la terre où reposent ces soldats pouvait être tenue pour une terre bretonne et la société ne faisait aucune objection au transport d’un petit calvaire ancien, sous condition qu’il s’agît d’un petit monument dont la conservation sur place n’était pas assurée convenablement (Lagriffe – Waquet 1931:ix). Dès lors, la réalisation du projet fut rapide. L’abbé Le Boëtté, ancien aumônier du régiment, était alors recteur du Tréhou, village où se dressaient un nombre remarquable de petits calvaires de carrefour : il proposa bientôt celui de Kroaz Ti Ruz, un très beau petit calvaire du seizième siècle à la croix ornée sur une face du Christ mort et sur l’autre d’une Vierge à l’enfant, tandis qu’au pied du fût était sculptée sainte Pitère en oraison. (Castel 1980:361). Le maire du Tréhou, Sabigou, et son conseil municipal étant d’accord, le 28 mai, la Société Archéologique du Finistère entérina ce choix (Ogès - Pérennès 1931:xxx). Dans les semaines suivantes, le préfet du Finistère et l’évêque de Quimper, Mgr Duparc, apportaient les dernières autorisations et le calvaire fut enlevé le 3 avril 1932, puis mis en route pour la Belgique.
Le dimanche 21 août suivant, au cours d’une grande cérémonie en présence du général Maton, représentant le ministre belge de la défense, du sénateur Le Gorgeu, maire de Brest, de Mgr Duparc et de Mgr Heylen, évêque de Namur, et de nombreuses autres personnalités belges et bretonnes, Corion, président de l’Amicale du 19eRI, remit le calvaire exilé et un peu de terre bretonne à la garde de la population de Maissin.
Les meilleures plumes, tant ardennaises que bre-tonnes, ont magnifié cet exil : le chantre de l’Ardenne, gardien fidèle du cimetière du Spihou, Thomas Braun, par des discours émus (Braun 1933:161-167) ; le grand poète breton Saint-Pol-Roux en trois strophes délicates
J’arrive du pays des coiffes où la dentelle met sur les femmes des ailes, où l’homme tient la barre sur les flots d’Armor ou bien le mancheron sur les flots d’Arcoat.
Tout chargé des pollens du berceau maternel, j’apporte ici le miel de la bruyère mauve et le biblique lait de la chaumière calme et l’arc-en-ciel menu de la mer éternelle.
Ah ! Mangez et buver la douce Pâque d’or sur la nappe wallonne qu’un peuple a fleurie. Ah ! Buvez et mangez l’envoi de la patrie : ceci est Arcoat et cela est Armor (Massé 1939-1948a :242).
Etrange idée en fait que cet exil pour nos temps qui parlent tant de sauvegarde du patrimoine culturel, voire de restitution des œuvres d’art arrachées à leur terre d’origine. Faut-il rendre à Athènes les frises du Parthénon ou les laisser au British Museum où elles sont protégées de l’effrayante pollution du ciel athénien ? Il ne fait aucun doute que la loi et un tollé général condamneraient à hauts cris la frustration d’un pareil monument... qui n’est d’ailleurs pas la seule : malgré la réserve expresss de la Société Archéologique du Finistère qu’elle n’accordait le transfet quà titre exceptionnel, nous connaissons au moins un autre cas semblable en Belgique. Le grand et beau calvaire de Louargat, représentant le Christ mort entouré des saintes femmes, a été transporté en 1929 à Boezinge, en Flandre-Occidentale, en même temps qu’un important dolmen - dès lors le plus grand en Belgique ! - dont la seule dalle de couverture pèse plus de huit tonnes et prélevé à Hénansal, près de Lamballe en Côtes-d’Armor. Il s’agissait cette fois de commémorer les “Pépères de Boe-zinge”, réservistes briochins des 73eet 74eRI décimés par la toute première attaque aux gaz asphyxiants le 22 avril 1915 (Vallais 1922 :212-21 ; de la Motte-Rouge 1980).
Ce ne sont pas la plaque en fer offerte en 1933 au Tréhou par la commune de Maissin pour commémorer le don du calvaire (Flatrès – Waquet 1933:xxiii) ni la croix celtique du sculpteur Donnart érigée le 9 mars 1947 à l’initiative du recteur Guillou - avec l’inscription Arden – Armor 1914 1932 1940 1947 - pour combler le vide Kroaz Ti Ruz (Massé 1939-1948b:316), qui peuvent soulager les consciences actuelles. Il faut toutefois replacer ces exils dans l’atmosphère et les sentiments de leur époque et, sans juger, admirer la piété des donateurs qui ont sacrifié des trésors à la mémoire de leurs frères disparus.
Mais, si cette mémoire leur appartient, il faut aussi que la Bretagne se rappelle ces parts de son patrimoine éloignées en terre étrangère. Les rappels des Amis du Vieux Lamballe et du Penthièvre pour le calvaire de Louargat (de la Motte-Rouge 1980) et celui de Stéphane Jousni pour le calvaire du Tréhou (Jousni 1930) ne doivent pas rester oubliés.
Pour ce qui est d’un autre patrimoine, peut-être plus menacé, un appel a été lancé afin que soient relevés les documents et inscriptions en breton (Louarn 1983). Averti par nous que le cimetière et l’église de Maissin recelaient des inscriptions dans cette langue, le bureau exécutif du Comité International pour la Sauvegarde de la Langue Bretonne nous a demandé d’en assurer le relevé. Certes, il n’y a rien là qui soit d’un grand intérêt linguistique mais le mot d’ordre est Lakomp kement greunenn da dalvezout “Faisons germer cha-que grain” (Louarn 1983) et il y aurait sans doute un certain intérêt sociologique de disposer d’un relevé des inscriptions bretonnes hors de Bretagne. Voici donc celui des inscriptions de Maissin.
1.Eglise paroissiale de Maissin, deuxième vitrail nord : femmes en coiffes de Lorient, Douarnenez et Locronan priant sur les tombes que domine le calvaire ; dans un cartouche trilobé, un extrait du sermon sur la montagne (Mat. IV 5) Evurus ar re / a ouel “Bienheureux ceux qui pleurent” ; au bas du vitrail, un bandeau déroule l’inscription française Les familles des combattants bretons et vendéens reconnaissantes (cf. Braun 1933 :183-184).
2. Cimetière Pierre-Massé, au sud du calvaire sur une dalle de granit, une plaque en bronze reproduit ces vers du poète Pierre Le Bras, lui-même victime de la Grande guerre : Ar prezeger gwella, hep mar, eo ar Maro ; / Rak e vouez a zo don Den kalonek : / Laret a ra bezan Bretoned karantek. / Keneil, demp alies da welet ar bezio. / Jos-Per Ar Bras / 1889-1915 “La Mort est sans doute le meilleur des orateurs car sa voix est profonde ! Homme de cœur, elle dit que les Bretons sont courageux. Ami, venons souvent contempler les tombes” Le Mercier d’Erm 1918 :736-737, 784-785). Une autre plaque de bronze, plus grande, placée sous la première, rappelle le transfert du calvaire et énumère les troupes françaises engagées dans la bataille de Maissin.
C.S.
ouvrages cités
* M. Bourguignon (1961) Note sur la commune de Maissin. Ardenne et Famenne IV:155-160
* T. Braun (1933) Amour de l’Ardenne. Louvain
* P. Castel (1980) Atlas des croix et calvaires du Finistère. Quimper
* D. de la Motte-Rouge (1980) Une énigme résolue entre la France et la Belgique. Amis du Vieux Lamballe et du Penthièvre VII:93-101
* E. de Seyn (1950) Dictionnaire historique et géographique des communes belges. Bruxelles
* J. Flatrès – H. Waquet (1933) Procès-verbal de la séance du du 27 avril 1933. Bulletin de la Société Archéologique du Finistère LX :xxxi-xxxiii
* L. Hannecart (1980-1981) Maissin. Hasquin 1980-1981:II 922-923
* H. Hasquin ed. (1980-1981) Communes de Belgique. Bruxelles
* S. Jousni (1980) Un calvaire breton du seizième siècle dans les Ardennes belges. Ouest-France 2 octobre
* L. Lagriffe – H. Waquet (191931) Procès-verbal du 26 février 1931. Bulletin de la Société Archéologique du Finistère LVIII :ix-xi
* C. Le Mercier d’Erm (1918) Les bardes et poètes nationaux de la Bretagne armoricaine. Rennes
* L. Louarn (1983) Lakomp kement greunenn da dalvezout. Somer et al. 1983 :113-115
* P. Massé (1936-1948a) Pour nos morts de Belgique. Echo du Dix-Neuf IV:241-242
* (1936-1948b) Fraternité Ardenne-Armor. Echo du Dix-Neuf IV:315-318
* L. Ogès – L. Pérennès (1931) Procès-verbal du 28 mai 1931. Bulletin de la Société Archéologique du Finistère LVIII:xxix-xxxii
* J. Schmitz – H. Neulandt (1922) La bataille de Neufchâteau et de Maissin. Bruxelles
* G. Somer et al.ed. (1983) Breizh hag ar bed. Ar bede vit Breizh. Bruxelles
* C. Sterckx (1983) Le calvaire et les inscriptions de Maissin. Somer et al. 1983:120-126
* M. Vallais (1922) Boezinghe. Paris
C. Sterckx
*
[1]Il nous a été expressément demande de reproduire cette notule publiée il y a plus de trente dans dans un opuscule à diffusion réduite devenu aujourd’hui introuvable (Sterckx 1983).